13th mar 2025
PRESS RELEASE

Réaction aux annonces de Northvolt

Titre de l'article "Réaction aux annonces de Northvolt" avec portrait de Yann Vincent

Northvolt est un projet ambitieux et structurant pour l’UE, dans sa triple recherche d’indépendance stratégique, de réindustrialisation et de décarbonation de la mobilité. Il est le pionnier européen fondé en 2015. Au nom des 2 200 collaboratrices et collaborateurs d’ACC, je tiens à exprimer toute notre sympathie et tout notre soutien à l’ensemble des équipes de Northvolt face à cette situation regrettable. Même si nos deux entreprises ne sont pas totalement comparables (stratégie d’intégration verticale allant de l’amont à l’aval de la production de batteries, diversité produit, etc.), nous ne pouvons qu’accueillir avec tristesse et inquiétude les annonces de ce jour.

 

La question cruciale, existentielle même, qui se pose finalement à nous est la suivante : est-il réellement possible de construire en Europe une industrie des batteries qui soit suffisamment compétitive ? Suffisamment compétitive au point de pouvoir regarder sans arrogance mais dans les yeux les BYD, CATL, Samsung, LG et autres EVE ? Suffisamment compétitive au point de constituer, aux yeux des constructeurs automobiles européens, une alternative crédible à la mainmise totale qu’exerce sur notre marché cette concurrence asiatique ?

 

Pour moi, pour les équipes d’ACC, la réponse est OUI : à moyen terme, nous pouvons devenir compétitifs. Pas par incantations. La compétitivité ne se décrète pas. Mais par l’activation de plusieurs leviers, sur lesquels nous travaillons évidemment déjà, même si tous ne sont pas à notre seule main. Parmi les principaux, je citerais :

- Une base technologique et industrielle solide, capable d’innover. Quitte à mutualiser les ressources entre plusieurs acteurs qui émergent au niveau européen. Rappelons qu’en moins de 5 ans d’existence, ACC dispose, avec un centre de R&D et une usine pilote « state of the art » en Nouvelle-Aquitaine, d’un 1er bloc de production qui fournit les premiers modules qui équipent déjà des véhicules en circulation (E-5008, Opel Grand-Land…). Un 2ème bloc de production en cours d’équipement machines, dont les lignes commenceront à tourner fin 2025. C’est à la fois nécessaire et probablement insuffisant à moyen terme pour peser face aux concurrents asiatiques.

- Une main d’œuvre compétente, qualifiée, formée, expérimentée… à-même de développer des solutions techniques innovantes, de maitriser le process industriel… ACC compte aujourd’hui plus de 2 000 collaborateurs de 55 nationalités différentes.

- L’excellence opérationnelle. Depuis plusieurs mois que nous produisons en France, nous ne cessons de progresser. Au point d’avoir franchi au premier trimestre 2025 la barre des 25 000 cellules produites par semaine. L’équivalent de 200 véhicules par semaine, soit 3 fois plus qu’en fin d’année 2024. Cette dynamique de progrès est encourageante, mais pas suffisamment rapide. Être excellents opérationnellement, c’est à terme multiplier ces chiffres par plus de 20, en augmentant notre rendement tout en diminuant notre taux de rebuts.

- La maitrise des coûts du travail, qui passe par un staffing adapté, une organisation et des ressources au juste nécessaire. C’est le sens du plan de départ au volontariat en cours de déploiement sur les sites de Bruges et de Paris et qui concerne la structure d’ACC.

- La sécurisation de l’achat des matières premières à des coûts compétitifs. Sans l’impulsion et le leadership de l’Europe, rien ne sera réellement possible, ni suffisant.

- L’accès à une énergie à un coût attractif, avec le soutien de la puissance publique.

 

C’est l’activation de l’ensemble de ces leviers qui va nous permettre d’assurer la compétitivité, et donc la pérennité, d’ACC. Cette activation a déjà largement été entamée. Elle va continuer à s’amplifier, toute l’énergie d’ACC étant tournée vers cet objectif. Mais si le temps dans lequel notre action s’inscrit est un temps relativement long (le temps des pionniers, des défricheurs dont nous faisons partie), les défis à relever imposent des actions et décisions de très court terme. L’expérience que nous sommes en train d’acquérir au travers de la montée en cadence de notre Gigafactory nous prouve que l’électro-chimie est un processus industriel difficile à maitriser, et très coûteux. Nous constatons que les volumes produits ne sont pas ceux qui figuraient dans les plans de développement initiaux et que les CAPEX et OPEX sont supérieurs aux anticipations.

 

À très court terme, il nous faut donc un dispositif d’aides, avec des versements de financements pour les industriels en phase d’amorçage de production. Un dispositif pour accompagner notre jeune industrie dans sa traversée de la « vallée de la mort » qui correspond à la période au cours de laquelle les Gigafactories produisent peu, donc engrangent peu de chiffre d’affaires, et font face à des dépenses opérationnelles élevées après avoir engagé des investissements productifs qui se chiffrent en milliards d’euros. Cette réalité que nous vivons est encore mal appréhendée par l’Union Européenne qui a pourtant mis ce secteur au cœur de son plan d’autonomie stratégique et de décarbonation. Il y a urgence à agir, comme le montre le cas Northvolt.

 

C’est parce que nous sommes convaincus de pouvoir être compétitifs demain que nous demandons à être soutenus aujourd’hui. Ne pas le faire serait une défaite stratégique majeure pour notre continent. Cela équivaudrait à laisser notre pan naissant d’activité s’effondrer, plutôt que de lui donner une chance de se développer et d’exister face aux fournisseurs de batteries chinois, coréens et japonais.